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Jeudi dernier, le 06 juillet 2017, le public de la Salle Pleyel était debout pour accueillir Alicia ALONSO, 96 ans, laquelle était venue saluer, entourée de ses danseurs Yoel CARRENO et Dani HERNANDEZ, à l’issue d’un fantastique Gala donné en son honneur (photo). // Prima Ballerina Assoluta, chorégraphe et Directrice de Compagnie, Alicia Alonso est beaucoup plus que cela : elle est une légende vivante, la créatrice symbole du style cubain de danse classique et le porte-drapeau de la danse cubaine à travers le monde. Alicia Alonso est née Alicia Ernestina de la Caridad dei Cobre Martinez Hoyo, le 21 décembre 1920 à La Havane. Elle est la benjamine de quatre frères et, dès l’âge de cinq ou six ans, elle commence à danser spontanément en écoutant de la musique. Son père, qui est militaire, est envoyé en garnison en Espagne, où Alicia prend quelques cours de danse espagnole. En 1931, elle rentre à Cuba et elle commence l’apprentissage du ballet à l’école Pro-Arte Musical de l’ukrainien Nicolaï Yavorsky, qui vient tout juste d’ouvrir. A l’âge de 15 ans, elle s’envole pour New York, où elle prend des cours avec Anatole Vilzak et à la School of American Ballet. Elle épouse un camarade de classe, Fernando Alonso, avec qui elle aura une fille, Laura. En 1938, elle fait ses débuts professionnels à Broadway dans les comédies musicales «Great Lady» et «Stars in Your Eyes». L’année suivante, elle entre au Ballet Caravan (futur New York City Ballet) et en 1940, elle intègre une compagnie qui vient tout juste de se former : le Ballet Theatre (futur American Ballet Theatre), où elle dansera régulièrement jusqu’en 1960. Ballerine à la technique virtuose et douée d’une intensité dramatique hors du commun, elle interprète les principaux rôles du répertoire Classique et travaille avec un grand nombre de chorégraphes majeurs du XX° siècle : Mikhail Fokine, George Balanchine, Léonide Massine, Bronislava Nijinska, Anthony Tudor, Jerome Robbins et Agnes de Mille. Son rôle emblématique est ‘Giselle’, qu’elle danse pour la première fois à New York en 1943 et qu’elle interprétera sur les plus grandes scènes du monde (à l’Opéra de Paris en 1972, avec Cyril Atanassoff pour partenaire) jusqu’en 1993 ! Elle crée également des premiers rôles dans de nouveaux ballets, dont les plus célèbres sont : «Undertow» (Tudor, 1945), «Theme and Variations» (Balanchine, 1947) et «Fall River Legend» (de Mille, 1948). Entre 1941 et 1943, elle danse par intermittences avec la Compagnie Pro-Arte de La Havane, pour qui elle réalise sa première chorégraphie d’un grand classique : «Giselle» (1945). En 1948, son désir de développer la Danse Classique à Cuba la pousse à créer avec son mari et son beau-frère, le chorégraphe Alberto Alonso, le Ballet Alicia Alonso, qu’elle complète par une Ecole dès 1950, afin de former ses successeurs. A partir de ce moment, Alicia partage son temps entre ses responsabilités dans sa Compagnie (directrice artistique, chorégraphe et interprète) et les invitations de grandes compagnies internationales : Ballets Russes de Monte-Carlo (chaque saison entre 1955 et 1959), Bolchoï (1957), Kirov (1958) ; sa première représentation à Paris date de 1953 (Théâtre de Chaillot). En dépit de grandes difficultés financières, sa Compagnie parvient à présenter la première version intégrale du «Lac des Cygnes» aux Etats-Unis (1954). Après la Révolution de 1959, le gouvernement de Fidel Castro encourage et subventionne le développement culturel du pays : le Ballet Alicia Alonso devient Ballet National de Cuba et se voit accorder les moyens de ses ambitions, en plus d’un théâtre et de studios de répétitions. Devenue la vitrine de la culture cubaine, sa Compagnie va éduquer la population de l’île à son art en dansant jusque dans les usines et les petits villages (sur un camion aménagé en scène), tout en se produisant régulièrement en tournée sur les scènes d’Europe, d’Asie et d’Amérique. En 1960, Alicia crée le Festival International de Danse de La Havane (25ème édition en 2016), lequel participe au rayonnement du Ballet National de Cuba, tout en favorisant les échanges avec les autres compagnies du monde. Alicia est aussi un exemple de courage et d’obstination guidée par une passion. Atteinte d’un décollement de rétine à l’âge de 19 ans, elle commence à perdre la vue et les médecins lui prédisent qu’elle ne pourra plus danser. Malgré de nombreuses opérations, à 25 ans elle est quasiment aveugle. Depuis, elle a dansé en se laissant guider par la voix de ses partenaires et grâce à des lumières vertes et rouges disposées dans la corbeille. Pour ses chorégraphies, elle se réunit avec ses assistants autour d’une table, laquelle représente la scène, puis elle montre les trajectoires avec ses mains, tout en décrivant les pas et ses instructions sont transmises aux interprètes. Ayant l’ouïe fine, elle peut corriger ses danseurs au bruit de leurs pas. Aujourd’hui, le style cubain de Danse Classique est unanimement reconnu et la contribution d’Alicia Alonso au développement de l’art chorégraphique lui a valu de nombreuses distinctions et récompenses. A 96 ans, Alicia Alonso reste une chorégraphe active, dont les œuvres figurent au répertoire de nombreuses compagnies (l’Opéra de Paris possède «Giselle», «Pas de Quatre» et «La Belle au bois dormant») et une directrice de compagnie omniprésente. (Article Patrick HERRERA)

11. juil., 2017

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Commentaires

28.11 | 05:58

Comment dire que la relative difficulté technique d'un art,quelqu'il soit, en r...

27.03 | 17:18

Pour le programme court, Yuzuru a patiné sur 'Otonal' de Raul di Blasio.

24.03 | 13:19

hello, quelqu'un peut il me dire le titre de la musique pour le programme de...

16.05 | 11:56

Un spectacle de qualité avec une programmation harmonieuse entre les...